25 mars 2016

Bien transmettre. Ou pas.

Nous sommes en Mars 2016.

Je suis hospitalisée.

Ce matin j'ai eu des échanges plasmatiques.

Je viens de manger et j'attends pour la dialyse dans le box individuel.



Sur la table, mon cahier de dialyse avec des phrases en fluo.

Ce sont les transmissions médicales. Je lis. Je n'aurais pas dû.


J'y lis entres-autres ceci:




Je bouillonne. En effet, je me pique seule pour les dialyses. J'en parle ici  et là.

L'infirmière arrive peu de temps après dans mon box. 

Je décide de lui en parler. 

Elle est affreusement gênée que j'ai pu lire cette transmission. 

Elle insiste en me disant que cette transmission est destinée aux soignants et n'a pas pour vocation à être lu par les patients.  

Je lui dis que ce qui me gène, et ce qui au final est important c'est la portée des mots de cette transmission et l'impact que cela peut avoir sur les futurs soignants qui sont amenés à me prendre en charge en dialyse.

Je lui explique que bien avant  le soin et de commencer la rencontre, la relation de soin est déjà bancale et que je me sens cataloguée. 

Elle me dis qu'elle n'en a pas tenu compte.

C'est vrai. Alors qu'elle avait vu cette transmission, les échanges plasmatiques avec cette infirmière se sont très bien passés ce matin. 

J'acquiesce en lui disant que ça aurait pu ne pas être le cas de toutes les infirmières. 

Je décide d'en parler avec le médecin. 

Le Dr D. arrive dans mon box au milieu de la dialyse.

Je lui explique que je ne comprends pas cette transmission étant donné que mon autonomie lors des ponctions a fait l'objet d'un courrier explicatif par mon néphrologue et que l'équipe de dialyse est bien au courant. 

Elle aussi me dis que je n'aurais pas dû lire cette transmission. 

Elle ne comprend pas pourquoi cela me pose souci. 

Je lui explique que je perçoit le mot "refus total" comme violent, que l'information donnée n'est pas factuelle et que l'information importante à transmettre était que je me piquais. 

Elle ne comprend pas ou je veux en venir.  Elle me demande si j'accepte d'être piquée par une IDE ?

Je lui réponds que non vu que je me pique moi même.
Elle m'oppose donc que je refuse d'être piquée par une IDE.

Elle clos la discussion en me disant que de toute façon, les patients n'ont pas à lire les transmissions. 

Je me sens incomprise.  

Bien transmettre. Ou pas. 

Cet article a été repris par le site www.infirmiers.com le 30 Mars 2016.



Les patients n'ont pas à lire les transmissions...
Posté par Infirmiers.com, le site de la communauté infirmier infirmière sur jeudi 31 mars 2016




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7 commentaires:

  1. Voici toute la différence entre transmission objective et transmission subjective... Le problème étant que la subjectivité d'une transmission en influence inévitablement la réception par le destinataire qui devrait, en revanche, prendre le dossier avec un regard nouveau, et donc neutre. Et qui dit subjectivité de la réception, dit subjectivité de l'action qui en résulte, donc de la prise en charge par le soignant.
    De la transmission à l'action il n'y a qu'un pas, il serait bon de sensibiliser les soignants et futurs soignants sur ce sujet afin d'éviter les faux pas...

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  2. On t'a menti, tu as le droit de lire les transmissions ;-) #DeRien

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  3. Bonjour,

    Il y a quelques semaines, j'ai échangé avec vous. je suis une infirmière reconvertie en chercheuse... Et je vous avais demandé si vous accepteriez d'échanger avec moi autour de ma recherche qui traite de l'expertise des patients pour faire court. Vous m'avez gentiment envoyé votre adresse mail et suite à un bug sur ma messagerie, j'ai perdu la totalité de mes messages ! Auriez vous la gentillesse de me renvoyer ce mail.
    Autrement, je viens de lire cet article sur infirmiers. com et que je suis agacée par les réactions de mes confrères et consoeurs...
    Quand comprendront-ils ou accepteront-ils que le patient soit autonome, efficace, compétent et puisse décider pour lui-même ?
    Ceci étant dit, en ce qui concerne les transmissions, elles n'ont pas vocation à être lues par les patients mais dans ce cas, ne pas les mettre sous leurs yeux !!! Quand le patient demande son dossier médical, les transmissions ne sont pas communiquées. Néanmoins, cela en dit long sur l'art et la manière de transmettre. Il aurait pu être écrit : patiente autonome, se pique seule. Ce qui est différent.
    A bientôt,
    Sylvie

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  4. il est vrai que l'interprétation de cet article par les soignants (cf les commentaires sous l'article) laisser songeur...
    "La transmission n'est pas violente, c'est l’interprétation qui en est faite qui l'est, apparemment elle est purement factuelle."
    le factuel aurait pu être "patiente se pique seule" c'était aussi court, et n'impliquait pas un "refus total"
    on a encore du chemin hein...

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  5. Je suis assez assez effaré par les commentaires des infirmiers dans l'article repris par infirmiers.com. Ça ne grandit pas le métier et ceux qui le pratiquent.

    Juste un point juridique sur «les patients n'ont pas à lire les transmissions»: ça n'est pas ce que dit l'article 40 de la loi informatique et liberté, dès lors que l'information est stockée sur un support numérique (et notamment dans le dossier patient).

    Il serait temps que le droit des patients à consulter _toutes_ leurs données médicales personnelles soit un peu mieux compris par les soignants. Ça fait quand même 12 ans que la loi est passée (et 35 ans si l'on prend en compte la version de 1980, qui imposait de passer par un médecin !).

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  6. Je ne suis pas du tout d'accord avec cette infirmière , tu as en effet le droit de lire tout ce qui est écrit dans ton classeur de suivi de dialyse..... si il ne voulait pas que tu le lises ils avaient qu'à le noter dans la bible ( jargon des infirmiers) afin que tu ne puisses pas le lire... perso je lisais tout le temps ce qui était inscrit dans mon classeur... maintenant je suis d'accord avec toi avec certains soignants et médecins on est souvent incompris !!! nous ne sommes que des malades..... bisous et bonne continuation Delphine :)

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