7 avril 2016

Il ne faut pas te laisser faire, regarde comment on fait.



Nous sommes en 2004. 

Je dialyse dans ce centre d'un hôpital privé francilien depuis quelques années. 

Je l'ai choisi pour ses dialyses de soirées. 

Il y règne une ambiance assez particulière.
Je ne m'y sens pas vraiment en sécurité.

Mais c'était le seul centre près de chez moi ou il restait de la place en soirée.
Pour le travail, c'est plus facile. 
Et puis, ça me rapproche un petit peu. 

Nous sommes branchés vers 18h à peu près.

Je suis en chambre seule. C'est plutôt bien, j'ai la TV pour moi toute seule et surtout, je peux me reposer.

Depuis quelques temps, je sens que ma Fistule ne bat plus comme avant. 

Le thrill est plus faible.

Souvent, les ponctions ne se passent pas très bien. Il faut re-piquer l'artère car le sang ne vient pas. 

Jusqu'à présent, on a toujours réussi à faire la dialyse. Ouf.

Bien sûr, j'en ai parlé plusieurs fois au médecin néphrologue de la dialyse. 

Il m'a répondu que tant qu'on pouvait dialyser, c'est que la fistule fonctionnait. 
Je sens bien qu'il s'en fiche un peu.

Mais moi ça m'inquiète beaucoup. 

En attendant, il faut dialyser et c'est l'heure du branchement. C'est enfin mon tour. 

J'ai une infirmière espagnole aujourd'hui. Dans cet hôpital privé, il y a une pénurie d'infirmiers, alors on va les chercher en Espagne. La plupart sont gentilles.

On pique la veine en premier, je préfère. Tout se passe bien.

Il est temps de s'attaquer à l'épineuse artère. Aie. Malheureusement, le sang ne revient pas. 

L'infirmière est un peu perdue. Je lui dis que ça arrive en ce moment et qu'il faut re-piquer.

Elle va chercher une autre aiguille dans la réserve. 

Je m'inquiète un peu comme chaque fois qu'on doit me re-piquer.

La revoilà. C'est reparti.

On repique. Cette fois, j'ai eu mal. Je commence à angoisser. Ca ne fonctionne toujours pas. 

J'angoisse franchement et je commence à pleurer. 

L'infirmière propose de mettre une machine en uni-poncture. Ca me rassure un peu.

Pour cela, il faut monter une autre machine. L'infirmière me dit qu'elle revient et qu'elle va chercher le nécessaire.

Quelques minutes après, elle revient sans le nécessaire, mais avec la surveillante de dialyse. 

D'habitude, à cette heure là elle est déjà partie. 

Elle entre manu-militari dans la chambre. Elle est pressée. Ca se voit. 

Elle demande à l'infirmière d'aller chercher des aiguilles.

L'infirmière se presse de le faire. Le ton ne laisse pas de place à l'interprétation.

Elle arrive très vite en courant. Je suis très angoissée. Tout ceci ne se fait pas dans le calme. Ca me stresse beaucoup. 

Je dis à la surveillante en pleurs que je préfèrerais la machine en uni-poncture et qu'elle me fait peur.
Elle ne m'écoute pas. Elle ne m'entend pas. 

L'infirmière tente de lui dire que ça ne la dérange pas de remonter une machine. 

La surveillante lui dit qu'il ne faut pas m'écouter. 

J'ai peur. Je n'ose plus rien dire. Je pleure. Je suis terrorisée. 

Elle empoigne l'aiguille, me tiens fermement le poignet et s'apprête à piquer. Elle va piquer. 

Elle dit alors à l'infirmière: Il ne faut pas te laisser faire, regarde comment on fait. 

Epilogue: Quelques semaines plus tard, après avoir vu une chirurgienne, je serais opérée pour une reprise de la Fistule.  

Depuis ce jour, j'ai gardé une phobie des nouveaux points de ponction dont je parle ici.



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1 commentaire:

  1. "Il ne faut pas te laisser faire" = les patients sont des enfants auxquels il convient d'enseigner les bonnes manières.
    bien bien bien...
    qui a dit soignants infantilisants?

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