6 juin 2017

La prochaine fois il faudra venir avec une voie veineuse !

Nous sommes en 2017 dans un CHU de province. 

Dans le cadre de mon bilan de troisième greffe rénale, je dois faire un examen appelé scintigraphie myocardique. C'est pour vérifier l'état du muscle cardiaque. 

C'est un examen demandé par le néphrologue et l'anesthésiste. 



Il est 10h. J'arrive au CHU un peu stressée. 
J'ai vécu beaucoup de choses dans ce CHU et ce n'est pas très simple pour moi d'y revenir me faire soigner dans le cadre de cette troisième transplantation rénale.

Après avoir traversé tout l'hôpital car je me suis trompée de hall, j'arrive enfin dans le service de médecine nucléaire.

Je suis accueillie par une secrétaire très sympathique. 

Elle me dit que je vais bientôt être prise en charge pour la pose du cathéter pour administrer le liquide traceur. 

Je me rends dans la salle d'attente. Je tente de surfer avec mon portable. 
Pas de réseau car le service est plombé. 
Bon. Je prends une revue de 1995 et je bouquine un peu. 

Ça y est, on m'appelle. Je n'ai attendu que 15 minutes. Ouf.


J'entre dans la salle de pose des cathéters. Je suis accueillie par un jeune infirmier. 

Je lui présente mon bras gauche, seul bras utilisable car j'ai la fistule de l'autre côté.

Il cherche une veine. 
Il faut dire que j'ai des veines affreuses sur un bras utilisé pour des perfusions depuis 40 ans que je suis malade. 

Je tente de ne pas trop le stresser, mais je suis vraiment stressée par cet examen que je n'ai jamais eu.

La dernière fois qu'on a voulu poser une perfusion, ca a été très compliqué et ca s'est terminé par la perfusion dans la fistule artério veineuse car il a été impossible de trouver une veine qui tienne.

Même les veines du pli du coude ne sont plus utilisables.

Il finit par s'arrêter sur une veine qui lui semble piquable. Il tente de me rassurer en me disant qu'il a l'habitude et que ça va bien se passer
Ca m'inquiète encore plus. 
Il pique, il cherche, il trifouille. C'est loupé. 

Je sens bien qu'il est désolé. Je lui dis que c'est la galère chaque fois. 

Je commence à stresser encore un peu plus.  

Je lui demande si on peut téléphoner au service de néphrologie pour poser le cathéter dans la fistule. Il me répond que pour l'instant on en est pas là. 
Bon.

Il me demande l'autorisation de piquer une seconde fois.  Stressée je lui réponds que oui.

Même combat que la première fois. J'ai mal. Je stresse. Je connais trop bien cette situation. 

La tension monte d'un cran. Il pars chercher une autre infirmière. 

Je commence à pleurer. La nouvelle infirmière arrive et tente de me rassurer comme elle peut en regardant mon bras.

Je demande à nouveau à ce qu'on téléphone au service de néphrologie et tente de téléphoner avec mon portable. En vain, il n'y a pas de réseau.

Je vois bien que mes pleurs énervent l'infirmière qui me dit qu'il va bien falloir piquer et qu'on piquera autant de fois qu'il le faudra mais qu'on finira par y arriver.

Bien sûr, ça ne me rassure pas du tout et je me sens encore plus stressée. 

Pour la troisième fois, l'infirmière pose le garrot. Sur la main cette fois. 
Je sais que ça va rater et que je vais avoir bien mal (c'est plus douloureux sur la main). 

Elle pique, cherche, trifouille. J'ai mal. Je demande à ce qu'on arrête, mais on ne m'écoute pas.

Alors qu'elle trifouille et que je demande à ce qu'elle arrête, l'interne arrive dans la pièce. 

Je lui demande à ce qu'on arrête, que ça devient insupportable et re-demande à ce qu'on téléphone au service de dialyse pour poser le cathéter dans la fistule. Ma demande est ignorée. 

L'infirmière enlève le cathéter en me disant que ce n'est pas de sa faute si je suis difficilement piquable et si je refuse d'être piquée. 
En pleurs, je n'ai même plus envie de rétorquer.

Je commence à ranger mes affaires pour partir. 
L'interne me dit qu'elle va envoyer un courrier au néphrologue en disant que j'ai refusé l'examen.

Alors que je suis en train de partir en pleurs, elle me dit énervée: 

La prochaine fois il faudra venir avec une voie veineuse !


(Sous entendu, vu qu'on arrive pas à vous piquer, il faudra que vous trouviez une solution)


(Ca s'achète ou?)

Epilogue: Une fois que j'ai retrouvé le réseau, j'ai téléphoné au service de néphrologie qui a re-planifié une date avec un passage dans le service pour poser un cathéter pour faire l'examen.






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Article publié le mardi 13 juin 2017 sur le site infirmiers.com

4 commentaires:

  1. "on piquera autant de fois qu'il le faudra..." il n'y a que moi que cette phrase choque???? M... t'es pas un rideau ni une pièce d’étoffe, c'est de l'humain qu'elle pique!!!!

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  2. j'ai eu mal pour vous en vous lisant, mal physiquement et mal moralement de ne pas avoir été entendu. et honte pour mes collegues!

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  3. C est honteux !ce genre de situation ne devrait pas arriver ! Je ne fais pas ce métier pour ciament faire souffrir les gens. Vous êtes d un grand courage !

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  4. Je pense que votre stress (compréhensible) a augmenté la probabilité de ces échecs. Autant pour les infirmiers que pour vos veines qui se spasment sous l'effet du stress

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