29 mars 2016

Surtout, restez comme vous êtes quand vous serez médecin.

Je fais cet article dans le cadre du #mededfr qui comme chaque mois, permet aux blogueurs d'écrire un article selon un thème précis.

Ce mois-ci, nous sommes invités à donner notre avis sur le thème suivant : La déshumanisation des soins permet-elle de former de meilleurs soignants ?

Je n'ai pas pour habitude d'analyser les situations ou donner mon avis, aussi, je vais laisser le soin à mes amis blogueurs de le faire.

Je vais quant-à-moi vous relater une expérience récente qui, je pense, a un rapport avec ce thème. 


Nous sommes en Mars 2016.

Je suis hospitalisée depuis 1 semaine dans un service de néphrologie parisien pour tenter de faire baisser mes anti-corps, trop nombreux pour que je puisse être greffée pour la troisième fois.

Je suis suivie par un interne qui je vais nommer Aurélien. 

Aurélien me suit depuis mon arrivée en hospitalisation. J'ai eu la chance de ne pas changer de chambre, donc de secteur, donc d'interne.

Il sait que je suis très angoissée, que j'ai donc besoin d'écoute et d'être rassurée. 

Il vient me voir plusieurs fois par jour lorsque je ne suis pas en soins pour voir comment je vis le protocole et ses éventuels effets-secondaires. 

Il finit très tard le soir.  Il ne part jamais avant 21h. 

Il fait souvent un dernier tour dans les chambres avant de partir du service.

Il prend le temps. Toujours.

J'ai confiance en lui.

A quelques jours de la sortie, alors qu'il fait sa visite quotidienne, nous discutons de ce qu'il souhaite faire comme spécialisation. 

Il me dit qu'il souhaite faire de la médecine interne.
Je ne connais pas cette spécialité. 
Il m'explique que c'est un peu comme Docteur House avec moins de moyens :) 


J'ai pour habitude de dire ce qui ne va pas. J'ai eu l'occasion de le faire pour cette hospitalisation. 

Je prends l'habitude de dire ce qui va. 

Je crois que valoriser les soignants qui gardent la foi est primordial.


Je dis à Aurélien qu'il a été très à l'écoute, qu'il m'a entendu sur beaucoup de choses  et que ça m'a beaucoup aidé à mieux vivre cette hospitalisation. 

Je lui dis : Surtout, restez comme vous êtes quand vous serez médecin avec autant d'écoute pour les patients. 

Il me répond alors que parfois c'est difficile. 

Prendre le temps pour les patients n'est pas valorisé ni quantifiable et qu'il prend sur sa vie. 


Surtout, restez comme vous êtes quand vous serez médecin. 


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1 commentaire:

  1. Le blog de Galatee me ramène souvent à ma propre histoire.
    Et c'est ainsi que je me suis souvenue de mon "Aurélien" à moi.

    Alors retour en arrière, nous sommes en 1987, ( ça ne nous rajeuni pas ) je viens de faire mon rejet final de ma première greffe et je suis retournée en dialyse.
    NORMALEMENT mon greffon est censé s'assécher... Sauf que pour mettre un peu d'ambiance, il en a décidé autrement !
    Au bout d'un mois, j'ai très mal, je ne peux plus marcher... et un matin j'ai 40 de température > Direct CHU tripode en ambulance avec le gyrophare.
    Le greffon est en sur-infection !
    Il faut pratiquer en urgence une tranplantectomie, enlever donc le greffon, et gratter toute l'infection.
    A mon réveil, je suis dans le cirage total, en soins intensifs..
    Problème, 48h plus tard j'ai toujours 40 de température....
    Je repars au bloc ! Ils n'ont pas assez enlevé l'infection.

    Là j'ai 5 ou 6 jours d'absences.
    Je me souviens juste d'une dame qui me prenait la main....
    Mes parents habitant à 200 km de l’hôpital, et travaillant, cette dame était une précieuse présence.

    Et un jour "Aurélien" arrive !
    Il se présente, nouvel interne, il va suivre "mon cas". Il me précise que je suis la seule enfant du service, me demande si ça va sans mes parents... est inquiet car je ne cicatrise pas. En fait c'est une de mes spécialité !
    Mais il arrive tout de même à me faire faire quelques pas.
    Je suis un peu devenue "légume vert" donc il me dit qu'il faut que j'essaye de manger ! Il me propose une pizza et arrive à me faire sourire.
    Durant toute mon hospitalisation "Aurélien" sera présent.
    Le matin, il passera. Discutera.
    Le soir, il reviendra. Entre temps il aura appelé mes parents. Les rassurera. La communication est un vrai soutien.
    Je fête mes 12 ans, je suis toujours hospitalisée, et là les infirmières m'ont préparé une surprise avec "Aurélien".
    Je n'ai jamais connu cela.L'émotion est plus que palpable.
    Et enfin au bout de 2 mois d'hospitalisation je sors......

    La vie reprend son cours.

    Durant mes visites annuelles, je vois "aurélien" évoluer.

    Avance rapide : AVRIL 2007.
    Je suis à nouveau greffée de 12 ans, tout va bien...
    "Aurélien" a bien grandi puisqu'il est devenu Professeur dans le service de transplantation rénale.

    Je dois le voir en consultation, mais je ne suis pas bien.
    Je suis un genre de légume ... en effet mon compagnon Christophe vient juste de décéder d'une rupture d'anévrisme.
    J'avoue que je me laisse aller.Hormis mes cachets, je ne mange plus. Ne dors plus.
    Et "Aurélien" ça ne lui plait pas.
    En pleine consult il me sort : " Ce n'est pas grave, vous en trouverez un autre" ...
    Je le regarde, stoïque.Me lève, et sors sans rien dire.
    Il n'a même pas essayé de me rattraper.
    Peut-etre a t-il compris que ses mots ont été trop brutal ?
    "Aurélien" est certes devenu Professeur, mais il a perdu son cœur, il a un rein à la place du cerveau.....
    Il est froid, hautain. jamais un sourire.

    Et quand j'ai lu ce mot ... cette phrase m'a marquée " On essaye mais ce n'est pas facile".
    Il est surement un très bon Professeur, et il est reconnu pour cela. Mais il a perdu toute son humanité.

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