5 juillet 2016

Dis, ta maman elle est encore enceinte?

Nous sommes en 1988-89.

J'ai quasiment 11 ans.

Sur les conseils d'un médecin bienveillant, j'ai un petit frère depuis quelques mois.

Je m'en occupe beaucoup. C'est super d'être une grande sœur. 

Maman est très fatiguée.
Elle n'a pas perdu les kilos de la grossesse. Elle a même beaucoup grossi.

Je suis en hôpital de jour pour le bilan trimestriel.

Maman est parti prendre un café.


Je suis dans une chambre et j'écoute mon walkman. 


Plusieurs soignantes entrent dans ma chambre. 

Elles me demandent comment je vais et comment va mon petit frère. 

Je suis étonnée car celle qui me pose des questions, n'est pas toujours très gentille avec moi.

Je réponds que je vais bien, que mon petit frère est gentil, qu'il ne pleure pas beaucoup et que j'aime beaucoup m'en occuper.

Elle me demande comment va ma maman. 

Je lui dis qu'elle est très fatiguée. 

Elle me demande alors:

Dis, ta maman elle est encore enceinte? 


Je lui réponds que non.

Elles partent de la chambre en riant.

Ca me rend très triste. 


Je m'en suis longtemps voulu d'avoir donné du grain à moudre à ces infirmières. Je crois que je n'aurais pas dû répondre. 

Avec le recul, c'était juste maladroit?  Elles ne pouvaient pas savoir le contexte. 

Mais ça m'a fait longtemps douter sur ce qui était bien ou mal lorsqu'un soignant me posait des questions. 

J'avais du mal à faire la part des choses. 

Cette idée d'article m'est venue après un tweet de Pustules&Cie sur Twitter.


Je cite une maladresse de mon mari il y a quelques années. Il rencontre un collègue qui a beaucoup maigri qu'il n'a pas vu depuis longtemps.
En plaisantant mon mari lui dit que le régime a été efficace. En fait, le collègue avait eu un cancer :(

Ce sont de petites maladresses, mais selon le contexte, ça peut-être très douloureux et avoir des répercussions.



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2 commentaires:

  1. "Je m'en suis voulu longtemps, je n'aurais pas du répondre" Une petite fille à qui on pose une question est conditionnée pour y répondre le plus gracieusement possible. Je suppose (enfin j'espère) que tu ne t'en veux plus maintenant. Les garces c'étaient elles, toi tu n'étais qu’une petite fille bien élevée. Sois fière d'avoir été cette petite fille là.

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    1. Je crois que j'ai mis longtemps à comprendre que c'était une question pour se moquer. En fait pas vraiment parce qu'après j'étais suspicieuse sur toutes les questions posées par les soignants.
      Peut-être que maintenant j'analyse mieux et je suis + capable de faire la part des choses.
      Ce qui est certain, c'est que ça a (encore plus) entachée la relation de soin.

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