27 janvier 2016

Cher confrère, je te laisse démêler le vrai du faux chez cette patiente.



Nous sommes en 2010.  J'ai repris les dialyses depuis environ 1 an.

Je suis en dialyse. 

Pour passer le temps, je lis mon classeur de dialyse. 
S'y trouvent surtout des feuilles de dialyses, quelques comptes-rendus que je feuillette rapidement.

L'un d'eux attire mon attention.
C'est un compte-rendu destiné à un médecin. 


Il est à l'attention d'un psychiatre que tous les patients sont censés voir à la fin de la greffe et lors de la reprise des dialyses, du moins, c'est ce que je croyais.  
C'est ce qu'il m'avait dit. Je suis définitivement naïve. 

Il y est noté que je retourne en dialyse suite à une pyélonéphrite.

Que la patiente semble avoir un contexte familial délicat et une histoire médicale compliquée.

Le compte-rendu finit par ceci: "Cher confrère, je te laisse démêler le vrai du faux chez cette patiente".

Je pense qu'un coup de poignard m'aurait fait moins mal. Vraiment.

Au delà du fait que ce néphrologue est sorti de son rôle de soignant des reins; 
Ce médecin m'a reçu, interrogé sur ma vie familiale pour évoquer un don vivant apparenté, je lui ai répondu, je lui ai confié une petite partie de ma vie. Je lui ai fait confiance. 

En me jugeant, non seulement il remet en question une partie de ma vie dont il ne connait rien d'autre que ce que je lui en ai dis (c'est à dire pas grand chose) mais en plus il laisse entendre à ses confrères que je suis une menteuse.
Pour être confraternel, mes futurs soignants sont censés se fier à son avis et sont donc censés remettre en cause ma santé mentale et surtout pas le jugement du confrère.

En admettant que je lui ai menti, ça aurait pu être le cas, j'aurais eu besoin d'aide.

En admettant que n'ai pas menti,  il discréditait mes futures relations avec les médecins qui allait me prendre en charge en dialyse et ailleurs. 

Dans les 2 cas, il compromettait grandement les futures relations de soins.

En jugeant, il définissait la qualité des futurs soins à apporter.

Et surtout, en jugeant, il décidait ce que j'avais vécu, ou pas.


De là à expliquer la prise en charge déplorable de ma fin de greffe (dont je parlerais dans un prochain article) en plus d'être un dossier bis (patient greffé dans un autre CHU) il n'y a qu'un pas.


Cher confrère, je te laisse démêler le vrai du faux chez cette patiente.

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5 commentaires:

  1. je suis bluffée par cette capacité d'analyse!!!
    vraiment.

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  2. Les soi-niants!! et les sois-niés,(de J.Salomé), termes déjà connus mais s'adaptent bien à ce récit!

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  3. Entre les sois-niants et les cons-frères, on est bien...! Il ne manque plus que les doctes-heurts et la boucle est bouclée!! :-P (ok, je sors.)
    Trêve de plaisanteries, c'est vraiment consternant de lire de telles choses dans son dossier médical. Heureusement qu'il n'est désormais plus confidentiel, certains "grands esprit" réfléchiront peut-être à deux fois avant d'écrire certaines choses...

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    Réponses
    1. oui! mais ça ne les empêchera pas de les penser... quand la mise en doute de la parole du patient mène à son infantilisation...

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