27 février 2016

C'est important de garder le lien.

Cet article est la  suite de à l'hôpital, on joue aux chaises musicales.

Je sors de la consultation d'anesthésie. 

Je visite un peu le service des consultations. 

Je croise C. une infirmière qui se trouve dans une salle d'examens.


La dernière fois que nous nous sommes vues, j'étais greffée du rein, j'allais déménager et changer de région. 

Elle me reconnaît. Elle me demande comment je vais et me dit que ça fait très longtemps qu'elle ne m'a pas vue. 

Je lui dis que j'ai déménagé de région en 2008. Elle me demande si je suis toujours greffée et comment je vais.

Je lui indique que j'ai repris les dialyses début 2009 peu de temps après avoir déménagé et que je suis au CHU pour un protocole de désensibilisation pour une 3° greffe. 

Elle me demande ce que je deviens. La dernière fois que je l'ai vue, j'étais investie dans l'associatif et la représentation des patients. 

Je lui explique qu'après avoir été reçue à un concours,  je suis fonctionnaire dans l'éducation nationale. 

Je lui dis que je suis contente de la revoir. Qu'ici tout a changé, que je suis un peu perdue et que l'endroit est dépersonnalisé. 

Elle me confirme que tout a été ré-organisé et que c'est devenu compliqué pour les patients et soignants. 

Tout a été mutualisé. Plus de service spécifique pour les patients ayant des maladies rénales. 

Le service des prélèvements est lui aussi commun à d'autres spécialités. 

Ils ont été cependant été obligés de conserver quelques examens très spécifiques dont C. s'occupe, entre autres. 

Avant, le service de consultation de néphrologie était un petit service vétuste, mais à la taille et à la dimension humaine. 

C'était rassurant quand on venait d'être greffé et qu'on passait de la sur-médicalisation (dialyse) à l'autonomie (greffe). 

On pouvait poser les questions qui nous passaient par la tête.

Il y en a beaucoup quand on annonce la maladie rénale, qu'on commence la dialyse ou qu'on vient d'être greffé. 

Les infirmières nous connaissaient bien. Il y avait une vraie relation. 

Elles étaient souvent un pont entre le patient et le néphrologue. On ne dit pas tout au médecin. 

On en reparle toutes les deux. Ca fait du bien. 

Elle doit partir pour gérer un patient. 

Je lui dis que je suis ravie de l'avoir revu.

Elle me dit à bientôt et bonne chance pour la troisième greffe.

Elle ajoute :

C'est important de garder le lien. 





1 commentaire:

  1. C'est important de garder le lien, encore faut-il pouvoir le créer! Certaines structures sont désormais si impersonnelles qu'on dirait que l'asepsie y a été poussée jusqu'aux sentiments... Un peu de chaleur, d'humanité...? Non, on anonymise, de peur qu'une contagion générale ne vienne réduire à néant le professionnalisme sans doute. Ou peut-être que les sentiments, c'est du temps. Et comme le temps c'est de l'argent...
    A côté de ça, d'autres structures sont riches d'une ambiance presque familiale: on s'y retrouve, comme si l'on s'était quittés la veille. Sans trop savoir pourquoi, on y est bien ; et tellement plus serein... Bon disons qu'en fait on sait quand même "un peu" pourquoi! :)
    Les réalités sont bien différentes en la matière, mais la première tend malheureusement à se généraliser...

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