14 avril 2016

De rien. Je n'ai fait que mon travail.

Nous sommes aux vacances de Noel 2013.

Je me marie en mars 2014. 

J'ai déjà choisi ma robe de mariée l'été dernier pendant mes vacances dans une autre région que la mienne. Je dois l'essayer demain pour vérifier les retouches.
C'est le seul jour ou je peux le faire, après je dois repartir chez moi. 

J'ai des soucis de fistule à ce moment là. La fistule est piquable, mais je stresse beaucoup. 

Je suis en dialyse dans ce petit centre d'auto-dialyse très familial géré par des infirmiers libéraux. C'est I. qui s'occupe de moi.

L'infirmière s'apprête à me piquer. Je stresse beaucoup.


C'est la première fois qu'on me pique sur ce nouveau point hors de mon centre habituel.

Je crois que vous ai déjà dis que j'avais un stress très communicatif. Je crois que ça impressionne beaucoup I. 

Ce qui devait arriva. La ponction est ratée. L'infirmière est dépitée.

Je suis complètement en panique. Je stressais tellement pour cette ponction. J'avais déjà tellement imaginé ce scénario.  Je suis complètement en pleurs. 

Je sais que dans ce petit centre, il n'y a que des doubles pompes. On ne peut pas piquer en uni-poncture. Enfin, si, il y a le matériel, la machine, mais l'infirmière n'est pas formée. 

Je suis en pleurs. Je sais que je vais devoir dialyser le lendemain dans le centre de repli mais que du coup, je ne pourrais pas essayer ma robe. Je ne sais pas comment je vais faire. 

Je vois se dessiner le plan méga-catastrophe. Je n'aurais pas de robe, je serais donc moche et on devra annuler le mariage.

L'infirmière téléphone au centre de repli. Il est plein. La seule solution qu'on peut me proposer est de dialyser le lendemain matin. 
C'est le pire scénario, demain, nous sommes le 24 décembre, le magasin de mariage est fermé l'après-midi. Je ne peut essayer la robe que le matin. 

Je suis catastrophée. I. cherche une solution.

L'infirmière lis le manuel du générateur en Uniponcture.  Elle tente d'en comprendre les subtilités. Sans formation, ce n'est pas facile.

Elle tente de monter le générateur en uni-poncture. Elle est dégourdie. Elle y arrive en lisant bien le manuel.

Ca se complique pour le programme en Uni-Poncture. 

Je propose de téléphoner à mon centre: j'ai dialysé longtemps en U-P peut-être qu'un infirmier va pouvoir aider mon infirmière.  Ni une, ni deux, je téléphone et je tombe sur une infirmière G.  que je connais bien. En pleurs, je lui explique que c'est la fin du monde, que je vais mourir, que je n'aurais pas de robe et que je vais devoir annuler le mariage si on ne dialyse pas en uni-poncture ce soir.

Je reprend espoir. 

G.. de mon centre habituel explique à mon infirmière comment rincer la machine et mettre les paramètres d'U-P.

Ce n'est pas chose facile de faire ça par téléphone ! Je me sens un peu mieux, les 2 infirmières ont les choses en main ! 

Ca y est, la machine est rincée et programmé. Il ne reste "qu'à" brancher et lancer la dialyse.

C'est là, que tout se complique. L'infirmière a un peu peur de faire une bêtise. 

Elle re-téléphone à mon centre habituel. Elle demande à parler à G. qui est heureusement disponible.
On fait le branchement par téléphone. C'est un peu laborieux.  

C'est une prouesse que G. arrive à se rappeler de mémoire de tous les paramètres de l'uni-poncture (qui ne se fait pas tous les jours!). 

Pour vérifier que tout va bien, G. demande à me parler au téléphone. 2 vérifications valent mieux qu'une.

On lance la machine, j'ai un peu peur, mais ça fonctionne ! OUF ! 

Bon, c'est un peu une dialyse bricolée, nous n'arrivons pas à mettre un débit de pompe très efficace, mais je dialyse. Les prochaines dialyses auront lieu dans le centre de repli, à la grand-ville et seront faites dans de bien meilleures conditions. 

Je remercie l'infirmière de ce centre d'auto-dialyse qui a bien stressé mais qui est contente que la dialyse puisse être faite au final.
Elle va faire des heures supplémentaires ce soir.

Toute la dialyse, j'espère qu'il n'y aura pas d'alarme.

Il n'y a plus personne dans mon centre qui ne fait pas la soirée.

J'ose à peine bouger.

Un miracle se produit, aucune alarme !

G. a expliqué à mon infirmière comment faire. la restitution
Si il y a un souci, on perd le sang du circuit, tant pis.
L'essentiel était de dialyser.

Tout se passera bien pour la restitution. G. a bien anticipé et I. a bien géré. Une dialyse à 4 mains en quelque sorte! 

Une fois la dialyse finie, je remercie encore I. pour avoir tenté le coup. Sans elle, je ne sais pas comment j'aurait fait pour ma robe.

1 semaine après, je reviens dans mon centre de dialyse habituel. 

Je cherche G. pour la remercier. Je ne la vois pas souvent, je vais devoir patienter. Quelques jours après, je la croise au détour d'un ascenseur. 

Je la remercie pour son dévouement et lui explique à quel point son aide a été précieuse.

Elle me répond: De rien. Je n'ai fait que mon travail. 

Epilogue
: j'ai bien pu essayer ma robe le lendemain, elle m'allait parfaitement, c'était le plus beau, il a dit oui, moi aussi, le mariage a été le plus beau de la terre entière du monde  :-) 


1 commentaire:

  1. Quand le professionnalisme prend des airs d'héroïsme...! A une époque où la conscience professionnelle est malheureusement de plus en plus rare, la rigueur d'un employé apparait facilement extraordinaire alors qu'elle devrait tout simplement être la règle. Cette infirmière l'a dit elle-même: elle n'a fait "que" son travail. Sauf qu'aujourd'hui, ne faire que son travail c'est déjà faire beaucoup! La chose ne concerne pas seulement le domaine médical, loin de là, mais lorsque les premiers concernés sont des patients, souvent fragilisés tant physiquement que psychologiquement par leur état, ses effets prennent toute leur ampleur...

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