28 février 2016

Bref, j'ai été aux urgences.

Nous sommes en mars 2015.

Comme 2/3 fois dans l'année j'ai une bronchite asthmatique. 

Depuis quelques jours, j'ai des aérosols d'Atrovent. 

Cà ne me soulage pas, je respire franchement mal en plus d'être très encombrée.


Le samedi matin, vers 10h30, je téléphone au SAMU en espérant pouvoir voir un généraliste de garde.

J'ai le médecin régulateur au téléphone, il me demande de tousser et d'inspirer/expirer dans le téléphone.

Après avoir un peu entendu ma toux et ma respiration, il me dit que je dois me rendre aux urgences. 

Il me demande si il veut qu'il fasse venir le SAMU. 

Je refuse, je lui dis que je vais aller aux urgences avec mon mari. 

40 minutes après, nous sommes aux urgences. 

L'infirmière de tri me prend les constantes et me fais de suite entrer dans un box. 

On me met sous scope. 

Un interne et un externe viennent très vite m'examiner. 

Ils préconisent d'augmenter les aérosols d'atrovent. 

Je me permets d'insister en disant que c'est quand même la première fois que j'ai autant de mal à respirer et que c'est franchement très angoissant. 

J'ajoute que je ne me vois pas rester tout le week-end à respirer comme ça et que je n'ai pas envie de revenir les voir en souriant. 

Ils sortent du box et reviennent avec le médecin senior. 

Le médecin senior m'ausculte à son tour et invite l'interne à m'ausculter à nouveau les poumons en lui disant que sur la gauche, il entend un foyer.

On m'amène à la radio. L'interne revient, il y a effectivement une pneumopathie. 

L'interne  me dis qu'on va me faire plusieurs aérosols d'affilée et une prise de sang. 

Ensuite il reviendra m'examiner. Si ça ne va pas mieux, il avisera pour un traitement par injection. 

On m'amène en fauteuil dans une salle commune. Il y fait froid. Je mets mon manteau. 

Il y a beaucoup de patients dans la grande chambre. 

En face de moi, il y a une personne d'environ 60 ans. Elle dort.

A côté de moi, une personne âgée qui gémit. 

Les autres patients sont cachés par des rideaux.

15 minutes après être arrivée dans la salle, une infirmière me fait la prise de sang  et me prépare l'aérosol. 

Elle me dit que je dois le garder une vingtaine de minutes et qu'elle reviendra pour me l'enlever.

25 minutes après, j'enlève le masque et le pose sur le côté. J'attends que l'infirmière vienne. 

Il n'y a pas de sonnette. 

Mon voisin gémit toujours. Il appelle sa maman. Je crois qu'il pleure. 

Je mets mes écouteurs. 

45 minutes après, toujours personne. Je joue avec mon téléphone portable. 

Pendant ce temps, mon mari attend dans la salle d'attente. 
Je lui téléphone et lui explique que je me sens mieux avec l'aérosol de ventoline mais que j'attends l'infirmière.

10 minutes après, quelqu'un entre dans la salle pour un patient situé dans les rideaux. 

Je l'appelle, je lui dis que j'ai enlevé le masque, qu'il faudrait couper l'oxygène. 

Je  lui demande également si elle peut appeler l'infirmière et si je peux avoir un verre d'eau. 

Elle me dit que l'infirmière est occupée, et que je n'ai pas à enlever le masque sans qu'on vienne me dire de l'enlever et que pour le verre d'eau, je n'ai pas le droit de boire.

Je lui dis que c'est l'infirmière qui m'a dit que je devais le garder environ 20 minutes et que je me rince toujours la bouche après les aérosols pour éviter des aphtes. 

Elle souffle et me dis qu'elle revient. Je ne la reverrais pas. Du coup, je bois au robinet de la chambre. 

L'infirmière revient 20 minutes après et me remet le masque avec la ventoline et l'atrovent. 

Au bout de 20/25 minutes, j'enlève le masque et j'attends à nouveau en jouant avec mon téléphone. 

La personne située en face de moi s'agite beaucoup. Je crois qu'elle a besoin d'aller aux toilettes. 

Elle cherche à lever les barrières pour se lever. 

Du coup, je me lève de mon brancard et cherche quelqu'un pour aider la dame. 

Il y a beaucoup d'effervescence dans le couloir mais j'ai l'impression d'être invisible. 

Je m'approche des bureaux, je vois l'interne que j'avais vu tout à l'heure. Il me demande si je me sens mieux. Je lui réponds que ça fait du bien de respirer en souriant. 

Je lui dis que la dame en face de moi cherche à se lever et s'agite beaucoup et que comme il n'y a pas de sonnettes, je suis venue donner l'alerte. J'ajoute que je crois qu'elle a besoin d'aller aux toilettes. 

Il me dit de retourner dans la salle, qu'il va venir m'examiner et qu'il fait venir l'infirmière pour ma voisine. Je lui demande si mon mari peut entrer et si je peux manger car il est 14h.

Il me répond que les proches ne sont pas autorisés à entrer avant 3h dans le box ou la salle. 

Pas de bol, ça ne fait que 2h30 que je suis là. 

Je retourne sur mon brancard. Maintenant que je vais mieux, le temps semble long.

La dame en face de moi s'est calmée. Je pense qu'elle a abandonné.

10 minutes après, quelqu'un vient la voir.
Je crois que c'est une infirmière. La dame a mouillé son brancard. 

Elle se fait gronder par l'infirmière qui lui dit qu'elle aurait quand même pu dire qu'elle avait besoin d'aller aux toilettes.

L'infirmière part chercher de l'aide pour changer la dame. Une aide-soignante l'accompagne.

Elles changent toutes deux la dame en râlant et la changent de brancard. Je vois tout car il n'y a pas de rideaux. 

L'infirmière dit qu'elle va chercher l'interne, car la dame est arrivée à 4h du matin et qu'elle n'a pas encore été vue. 

L'aide-soignante et l'infirmière sortent de la chambre.

Elle revient peu de temps après avec un sandwich et un verre d'eau pour la dame en face de moi. 
La dame tente tant bien que mal de manger et boire. Il n'y a pas de table. 
Elle doit manger sur le brancard. 

Je téléphone à mon mari car je suis maintenant angoissée de rester là alors que je vais mieux. 

Il me dit qu'il m'a acheté à manger et qu'il a tenté de me faire passer le repas par une des infirmières et que ça lui a été refusé.  Il est quasiment 15h. 

Personne n'est venue en quasiment 3 heures voir la personne âgée qui gémit à côté de moi. 

Je retourne dans le couloir à la recherche de l'interne ou du médecin.

Je finis par croiser l'externe du début de la consultation dans le box. Je lui dis que je vais mieux et que je veux sortir maintenant car j'ai faim et que je veux voir mon mari.

Il me répond que je suis comme tous les patients ici et que je dois patienter pour les résultats de la prise de sang. 
Je lui demande si il a été voir si il y avait les résultats. 
Il me dis que non mais que c'est de toute manière trop tôt pour avoir les résultats. 
Qu'ils les ont pas avant 2h. 

Je m'énerve et lui réponds que ça fait plus de 3h que je suis là et plus de 2h30 que la Prise de sang a été faite. 

Il s'en va. Je le suis. Il entre dans un bureau. Je crois qu'il va voir les résultats. Il discute avec une infirmière. 

Elle vient me voir. Je comprends que c'est la cadre du service. Je me fais sermonner.

Elle me dit que si tous les patients étaient impatients comme moi, les urgences seraient ingérables.

Je lui rétorque qu'elles le sont déjà et que si tous les patients étaient impatients comme moi, il n'y aurait pas de patients qui attendraient 10 heures pour être vue par un médecin et qui se feraient dessus par abandon. 

L'externe arrive à ce moment là.

Il me dit que tout va bien dans la prise de sang et qu'il revient pour les ordonnances et les papiers de sortie. Je ressors avec la totale: Cortisone, aérosols ventoline/pulmicort, antibiotiques et kiné respiratoire.

Je téléphone à mon mari et lui dis que j'arrive. Pour lui aussi ça a été long.

J'ai les papiers, l'ordonnance, je retrouve mon mari et on repars vers la maison. 

Nous voici de retour chez nous. Il est 16h. 

On mange le repas que mon mari avait acheté à l'hôpital.

Bref, j'ai été aux urgences. 

Billet croisé Aidant/Patient/Soignant.
Le billet de Babeth 
Le billet de Kat Aidante




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3 commentaires:

  1. Bonjour, je suis infirmier depuis 2002 et j'ai effectué un stage de 6 semaines aux urgences de ma commune durant ma formation et j'y suis aussi malheureusement allé en accompagnant des proches...

    De mon avis, cela fait des années que la France tue à petit feu son service public, l'Hôpital en fait partit... au profit du privé lucratif qui n’a d’yeux que pour ses actionnaires et renvoi sur l’Hôpital public tout ceux qui ne rapportent pas de bénéfices et les indigents...

    Pourtant reconnut internationalement pour son excellence l’Hôpital se meurt, la population est en train de réaliser peu à peu que la belle époque est finie... la population ne s’en souci que lorsque elle est elle-même pénalisé et en subit les conséquences. Les urgences c’est pareil que pour la prise en charge de nos personnes âgées, des malades mentaux, des handicapés, l’éducation nationale, etc... On s’en souci que lorsque ça nous tombe dessus... et on se rend compte que la situation est pathétique...

    Du coté des soignants ce n’est pas rose non plus, j’ai tenus 5 ans dans l’hôpital public avant de partir pour du privé à but non lucratif (Centre de cancérologie) car je ne suis pas Mère Térésa, je n’avais pas signé pour un sacerdoce... heures supplémentaires non validées, congés imposés, planning ultra-flexible, et hiérarchie très pesante... je ne pouvais pas rentrer en conflit continuellement avec mes valeurs, courir toute la journée et rentré frustré de la journée de travail parce qu’obliger de bâcler le travail... au risque de finir par pétage de plomb (Burn-out) ou devenir négligeant et maltraitant.

    Peu d’infirmière finissent leur carrière... au vu du salaire et des contraintes, plutôt garder s’occuper de ses enfants ou bosser à son compte...

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  2. @laurent "De mon avis, cela fait des années que la France tue à petit feu son service public, l'Hôpital en fait partit"...

    la france tue aussi ses cliniques privées,n'ayez crainte.
    nous avons connu la situation à l'hopital avant les 35 h et aprés.. rien à voir.
    de plus, les patients qui venaient aux urgences dans le temps, étaient de " vraies" urgences, adressées par leur médecin par ex..et les urgences tournaient bien, il n'y avait personne qui trainait dans un coin sans être examiné ( par contre, oui, nous avions deja du mal à " caser " les entrées dans des lits )
    de plus cette patiente semble décrire un " protocole": il faut rester tant d'heures.... hum....pourquoi faire si le patient est retapé entre temps ? et une désorganisation chronique avec des examens biologiques un peu longs à obtenir. ( j'ai entendu encore pire )
    donc oui, la situation est inquiétante, si on compare ce que l'on a connu, ce que l'on faisait ( où tout n'était probablement pas idyllique non plus ) et maintenant.
    vous etes mieux en clinique ? au final ? on vous considére comme un être humain ?
    anne

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  3. Je comprends tout à fait la difficulté de ce vécu. C'est terrible avec l'angoisse qui se surajoute (tout le monde y est passé, et c'est encore pire quand on est soi même soignant). Maintenant, il faut toujours "voir le bon côté des choses" : combien auriez-vous payé aux USA ? combien de temps auriez vous attendu en Angleterre ? Quel diagnostic pourri auriez-vous eu en Corée du Nord ? Oui, on pourrait mieux faire. Notamment sur le plan humain, c'est indigne de faire des gens des objets et en plus les maltraiter (la dame qui se fait pipi dessus, et qui ensuite est engueulée, belle illustration de maltraitance).

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