Nous sommes en 2011 dans une ville moyenne de Province ou je viens de déménager.
C'est toujours une étape un peu difficile dans la vie d'un dialysé.
Ce grand centre de dialyse a plusieurs petits centres répartis sur plusieurs secteurs.
On m'affecte dans une clinique qui dispose d'un centre de dialyse.
C'est toujours un peu compliqué de changer de centre de dialyse.
On perd ses habitudes, ses repères, on doit renouer le lien avec du personnel soignant..
C'est pourquoi j'arrive un peu stressée pour ma première dialyse.
D'autres patients m'ont dépeint ce centre comme défraîchi, peu avenant.
Un peu comme la punition.
Ça amplifie mon stress. Que va t-il se passer ?
Est ce que ça va bien se passer ?
J'entre dans le service. Je dois traverser un long couloir. Un peu comme quand on va au bloc.
J'avoue que ça me fait un peu peur.
C'est effectivement un peu vieillot. Ce n'est pas un centre très avenant.
Intimidée, je me présente à une aide-soignante.
Ce petit centre dispose de plusieurs petites salles de dialyse.
Je m'installe à ma place.
Une infirmière arrive. Ils ont l'air sympathique.
Je reste tout de même prudente.
Une fois branchée, je surfe avec mon ipad, comme d'habitude.
Pour ma première dialyse dans ce centre, on m'a mise en chambre seule.
J'aime le confort des chambres seules. On est plus tranquille. Avec soi. Pas en communauté.
Comme c'est un centre lourd, un médecin passe à chaque dialyse et le personnel est plus nombreux.
J'ai un peu perdu l'habitude. J'ai souvent été en auto-dialyse.
Le néphrologue arrive. C'est un médecin branchouille à la kool.
Il se présente: c'est le Dr V. Un des médecins du service. Ils sont 3.
Il m'explique le fonctionnement du service et les horaires.
Nous échangeons sur les raisons de notre déménagement. Il est curieux.
Nous finissons par aborder le côté médical. Il me demande mes antécédents médicaux.
Nous discutons sereinement.
A la fin des échanges médicaux, il se pose à côté de moi, à ma hauteur et me demande:
On m'a dit que vous étiez une patiente difficile.. Qu'en pensez vous?
J'avoue que sur le coup et pendant longtemps, cette phrase m'a heurtée.
Me renvoyer dans le "miroir" que les soignants me percevaient comme une patiente difficile était difficile à vivre. Çà me paraissais tellement injuste.
J'étais tellement en colère contre les soignants, que je ne m'en rendais pas compte.
C'est plus tard que j'ai compris que c'était une chance que ce médecin me laisse la possibilité de dialoguer à ce sujet et puisse se faire sa propre idée sur la patiente que j'étais et que je suis encore.
Cette phrase a été l'amorce d'une longue et difficile reconstruction de reprise de confiance envers les personnels soignants.
Je dois beaucoup au Dr V. que je remercie infiniment.
Je remercie également un des médecins de ce centre. Elle se reconnaîtra si elle lit cet article.
Vous avez aimé l'article ?
Merci de le partager.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
L'article vous a interpellé? Laissez un commentaire :)